Sarcophages

En 1990 notre « pierre » comme les anciens l’appelait a bien failli par ignorance de sa valeur patrimoniale se retrouver en décharge. En effet, la municipalité avait entrepris la restauration des piliers du bassin et pour faciliter le travail du maçon, le vieux caillou fut embarqué à l’aide d’une pelleteuse et déposé sur l’emplacement du terrain de football qui à l’époque servait de dépôt de gravats. Fort heureusement, Louis Roux Latour qui a 89 ans avait toujours connu le sarcophage, mobilisa les habitants du village pour qu’il reprenne son emplacement initial. Dans l’aventure, il s’était cassé en trois parties. Tant bien que mal, l’ensemble fut recollé et on lui trouva une nouvelle fonction : bac à fleurs. Posé à l’envers, il servait autrefois de banc public pour nos anciens. Ce sarcophage est taillé dans un bloc d’appareil architectural romain, en calcaire, cuve monolithe trapézoïdale avec alvéole céphalique. Datation : période mérovingienne (VII ème siècle- VIII ème siècle).
Quant à son demi-frère, c’est-à-dire la moitié d’un autre sarcophage, il se trouve depuis une éternité devant le four à pain et servait, autrefois, de bassin aux utilisateurs du four pour y tremper la “panosse” (tissu attaché au bout d’une perche servant à nettoyer la sole avant l’enfournage des pains).Datation: période gallo-romaine (I er ou II ème siècle après J-C).
Refaisons l’histoire
Nos deux sarcophages auraient probablement poursuivi leur retraite dans la clandestinité si Jean Michel POISSON, archéologue lyonnais, auteur des fouilles des Tours de Montmayeur, n’avait pas eu la riche idée de se pencher sur leur histoire.
Comme on peut le voir sur la mappe sarde de 1728, l’église St Jean Baptiste se trouvait dans le haut du chef-lieu. Elle fut démolie lors de la construction en 1855 de l’église actuelle. C’est probablement à cette époque que furent découverts les deux sarcophages, qui furent placés l’un à la fontaine et l’autre près du four.
Pour M. Poisson, ces sarcophages datent de l’époque mérovingienne (fondée par Clovis, cette dynastie régna sur la Gaule de 481 à 751) et furent creusés dans de gros blocs architecturaux en calcaire dur qui appartenaient sans nul doute à des monuments importants construits à l’époque romaine (Ier-IIème siècle). Ces blocs peuvent provenir de Détrier ou de Châteauneuf, deux sites romains connus mais la photo ci-jointe, prise lors des travaux de la construction de l’autoroute, à côté du hameau du Boisson, laisse penser qu’ils proviennent plus sûrement de Châteauneuf qui était une importante agglomération gallo-romaine avec temple, thermes…
Nos deux sarcophages mérovingiens sont très importants pour l’histoire de la Trinité mais aussi pour l’histoire de notre territoire qui possède peu de vestiges de la période située entre l’époque gallo-romaine et le Moyen Âge.